Entre notre arrivée à Antigua et notre départ de Managua, un monde s’est passé. Tous hésitants dans nos premiers pas dans une ville touristique, le nez dans le routard (que j’ai heureusement oublié sous une moustiquaire dans la mangrove) à trop confiants quand les tirs de mortiers éclataient à côté de la maison de Rigoberto chez qui on passait nos derniers jours, on a pu se délaisser le temps d’un voyage de fausses craintes, de freins ( à la discussions dans une langue étrangère notamment), on a appris à demander notre route, et se laisser porter par les aléas des rencontres.
Nous avons découvert la jungle et sa densité, les bruits, les papillons bleus, les sauterelles rayées comme des abeilles, les coatis, les singes, les serpents, les perroquets.
La mangrove nous a fortement impressionnés, par les espèces d’oiseaux, tortues, petites bestioles mais surtout la végétation épaisse qui nous enveloppait, les sons étaient étouffés par cette ambiance un peu pesante en humidité, la lumière filtrait, la chaleur était moite…
Et puis ces concrétions calcaires des bassins de Semuc-Champey était un enchantement de beauté, les eaux turquoises et douces pouvant attiré les plus réticents des baigneurs.
Le lac tout chaud (32°) de Flores et ses crocodiles, les sites mayas, les volcans, les mayas quechis qui vivent d’une parcelle de maïs, Livingstone et les Rastas, San Pedro et les Hippies…..
Le Salvador nous a laissé des souvenirs magiques : on a été aidés à notre arrivée dans le pays pour aller dans une fête traditionnelle des premières pluies : las flores y palmas, guidés par des gens bienveillants et avenants, nous avons voyagé grâce aux lignes de bus très sommaires du pays que les salvadoriens nous aidaient à trouver, puis on est arrivés sur une île, on y a mangé du poisson grillé avec Tony qui a remué ciel et terre pour nous trouver un passeur et nous amener au Nicaragua par l’Océan pacifique ! « Départ 5h du mat, on passe à la douane du salvador, on vit une traversée inoubliable suer l’océan tout lisse, un levée de soleil rouge, il s’appelle Hannibale notre passeur, sa femme nous accompagne, elle est enceinte de 7 mois…La côte nicaraguayenne se profile, l’orage aussi, et c’est les trombes d’eau qui déferlent alors qu’on débarque sur la plage de sable noire, l’eau jusqu’aux genoux, on est super heureux, on marche dans la brousse 2 minutes puis c’est la maisonnette des douaniers du Nicaragua complétement perdue qui apparait, on nous tamponne nos passeports moyennant un bakchich de 20$ et c’est parti pour la suite……. »
Au Nicaragua, la révolution battait son plein, tous les postes de télévision émettaient la même chaîne, celle qui n’est pas régie par le gouvernement (enfin…pas sûr), on dormait chez Rigoberto, le feu avait brulé l’hôtel de ville et le marché artisanal, Rigoberto était allé éteindre un feu débutant sur le seuil de porte, le magasin d’à côté était pillé, plus d’essence, donc plus de bus, on a fait du stop comme tout le monde, les pavés des rues servaient à faire des barricades et les tirs de mortiers résonnaient toute la nuit, le lendemain on partait pour la France, Rigo a tenu à nous amener à l’aéroport, il se faisait accompagner de son fils pour sa sécurité.